Qui peut-être, en dépit des maux qu’elle prévoit,
Seule en mes intérêts se consulte et se croit ?
Faites mieux ; et croyez, en ce péril extrême,
Vous, que Lacus me sert, vous, que Vinius m’aime :
Ne haïssez qu’Othon, et songez qu’aujourd’hui
Vous n’avez à parler tous deux que contre lui.
J’ose donc vous redire, en serviteur sincère,
Qu’il fait mauvais pousser tant de gens en colère,
Qu’il faut donner aux bons, pour s’entre-soutenir,
Le temps de se remettre et de se réunir,
Et laisser aux méchants celui de reconnoître
Quelle est l’impiété de se prendre à son maître[1].
Pison peut cependant amuser leur fureur,
De vos ressentiments leur donner la terreur,
Y joindre avec adresse un espoir de clémence
Au moindre repentir d’une telle insolence[2] ;
Et s’il vous faut enfin aller à son secours,
Ce qu’on veut à présent on le pourra toujours.
Moi qui n’ai point d’amis dans le parti contraire.
Attendrons-nous, seigneur, que Pison repoussé
Nous vienne ensevelir sous l’État renversé,
Qu’on descende en la place en bataille rangée,
Qu’on tienne en ce palais votre cour assiégée,
Que jusqu’au Capitole Othon aille à vos yeux
De l’empire usurpé rendre grâces aux Dieux[3],
Et que le front paré de votre diadème,
- ↑ Non eundum ad iratos… ; daret malorum pœnitentiæ, daret bonorum consensui spatium. (Tacite, Histoires, livre I, chapitre xxxii.)
- ↑ Voyez le discours de Pison aux soldats, dans les chapitres xxix et xxx du livre I des Histoires de Tacite.
- ↑ Non exspectandum ut, compositis castris, forum invadat, et prospectante Galba Capitolium adeat. (Tacite, Histoires, livre I, chapitre xxxiii.)