Ce traître trop heureux ordonne de vous-même ?
Allons, allons, Seigneur, les armes à la main,
Soutenir le sénat et le peuple romain ;
Cherchons aux yeux d’Othon un trépas à leur tête,
Pour lui plus odieux, et pour nous plus honnête[1] ;
Et par un noble effort allons lui témoigner…
Est-il doux de tenir le timon d’un empire,
Pour en voir les soutiens toujours se contredire ?
Plus on voit aux avis de contrariétés,
Plus à faire un bon choix on reçoit de clartés.
C’est ce que je dirois si je n’étois suspecte ;
Mais je suis à Pison, seigneur, et vous respecte,
Et ne puis toutefois retenir ces deux mots,
Que si l’on m’avait crue on seroit en repos.
Plautine qu’on amène aura même pensée :
D’une vive douleur elle paroît blessée…
Scène III.
Je ne m’en défends point, madame, Othon est mort ;
De quiconque entre ici c’est le commun rapport ;
Et son trépas pour vous n’aura pas tant de charmes,
Qu’à vos yeux comme aux miens il n’en coûte des larmes.
Dit-elle vrai, Rutile, ou m’en flatté-je en vain ?
- ↑ Intuta quæ indecora ; vel, si cadere necesse sit, occurrendum discrimini. Id Othoni invidiosius, et ipsis honestum. (Tacite, Histoires, livre I, chapitre xxxiii.)