Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/669

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Galba tombe[1] ; et ce monstre, enfin s’ouvrant le flanc,
Mêle un sang détestable à leur illustre sang[2].
En vain le triste Othon, à cet affreux spectacle,
Précipite ses pas pour y mettre un obstacle :
1795Tout ce que peut l’effort de ce cher conquérant,
C’est de verser des pleurs sur Vinius mourant,
De l’embrasser tout mort. Mais le voilà, Madame,
Qui vous fera mieux voir les troubles de son âme.


Scène VII.

OTHON, PLAUTINE, FLAVIE.
OTHON.

Madame, savez-vous les crimes de Lacus ?

PLAUTINE.

1800J’apprends en ce moment que mon père n’est plus.
Fuyez, Seigneur, fuyez un objet de tristesse ;
D’un jour si beau pour vous goûtez mieux l’allégresse.
Vous êtes empereur, épargnez-vous l’ennui
De voir qu’un père…

OTHON.

De voir qu’un père…Hélas ! je suis plus mort que lui ;
1805Et si votre bonté ne me rend une vie
Qu’en lui perçant le cœur un traître m’a ravie,
Je ne reviens ici qu’en malheureux amant,
Faire hommage à vos yeux de mon dernier moment.
Mon amour pour vous seule a cherché la victoire ;

  1. Le meurtrier de Galba est resté inconnu, ou plutôt incertain : De percussore non satis constat : quidam Terentium evocatum, alii Lecanium, crebrior fama tradidit Camurium, quintæ decimæ legionis militem, impresso gladio, jugulum ejus hausisse. (Tacite, Histoires, livre I, chapitre xli.) — Lacus (Laco) ne se tua pas lui-même, mais fut percé par un soldat. Voyez ibidem, chapitre xlvi.
  2. On lit : « à cet illustre sang, » dans l’édition de 1692.