Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/670

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1810Ce même amour sans vous n’en peut souffrir la gloire,
Et n’accepte le nom de maître des Romains,
Que pour mettre avec moi l’univers en vos mains.
C’est à vous d’ordonner ce qui lui reste à faire.

PLAUTINE.

C’est à moi de gémir, et de pleurer mon père :
1815Non que je vous impute, en ma vive douleur,
Les crimes de Lacus et de notre malheur ;
Mais enfin…

OTHON.

Mais enfin… Achevez, s’il se peut, en amante :
Nos feux…

PLAUTINE.

Nos feux… Ne pressez point un trouble qui s’augmente.
Vous voyez mon devoir, et connoissez ma foi :
1820En ce funeste état répondez-vous pour moi.
Adieu, Seigneur.

OTHON.

Adieu, Seigneur.De grâce, encore une parole,
Madame.



Scène VIII

OTHON, ALBIN.
ALBIN.

Madame. On vous attend, Seigneur, au Capitole[1] ;
Et le sénat en corps vient exprès d’y monter
Pour jurer sur vos lois aux yeux[2] de Jupiter.

OTHON.

1825J’y cours ; mais quelque honneur, Albin, qu’on m’y destine,
Comme il n’auroit pour moi rien de doux sans Plautine,

  1. Voyez Tacite, Histoires, livre I, chapitre xlvii.
  2. Les éditions de 1668 et de 1682 portent aux vœux pour aux yeux.