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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/131

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ACTE I, SCÈNE II.

Choisissez-vous exprès ces contrariétés ?
Plus j’entends raisonner, et moins on détermine :
Chacun dans sa pensée également s’obstine ;270
Et quand par vous[1] je cherche à ne plus balancer,
Vous cherchez l’un et l’autre à mieux m’embarrasser !
Je ne demande point de si diverses routes :
Il me faut des clartés, et non de nouveaux doutes ;
Et quand je vous confie un sort tel que le mien,275
C’est m’offenser tous deux que ne résoudre rien[2].

VALAMIR.

Seigneur, chacun de nous vous parle comme il pense,
Chacun de ce grand choix vous fait voir l’importance ;
Mais nous ne sommes point jaloux de nos avis.
Croyez-le, croyez-moi, nous en serons ravis ;280
Ils sont les purs effets d’une amitié fidèle,
De qui le zèle ardent…

ATTILA.

De qui le zèle ardent…Unissez donc ce zèle.
Et ne me forcez point à voir dans vos débats
Plus que je ne veux voir, et… Je n’achève pas.
Dites-moi seulement ce qui vous intéresse285
À protéger ici l’une et l’autre princesse.
Leurs frères vous ont-ils, à force de présents,
Chacun de son côté rendus leurs partisans ?
Est-ce amitié pour l’une, est-ce haine pour l’autre.
Qui forme auprès de moi son avis et le vôtre ?290
Par quel dessein de plaire ou de vous agrandir…
Mais derechef je veux ne rien approfondir,
Et croire qu’où je suis on n’a pas tant d’audace.
Vous, si vous vous aimez, faites-vous une grâce :
Accordez-vous ensemble, et ne contestez plus,295

  1. On lit pour vous, au lieu de par vous, dans l’édition de 1682.
  2. Ce vers et le précédent ont été omis par erreur dans l’édition de 1682. — Comparez Othon, acte V, scène ii, vers 1601-1604 (tome VI, p. 645).