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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/150

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ATTILA.

ACTE III.



Scène PREMIÈRE.

ATTILA, OCTAR.
ATTILA.

Octar, as-tu pris soin de redoubler ma garde ?

OCTAR.

Oui, Seigneur, et déjà chacun s’entre-regarde,
S’entre-demande à quoi ces ordres que j’ai mis…715

ATTILA.

Quand on a deux rivaux, manque-t-on d’ennemis ?

OCTAR.

Mais, Seigneur, jusqu’ici vous en doutez encore.

ATTILA.

Et pour bien éclaircir ce qu’en effet j’ignore,
Je me mets à couvert de ce que de plus noir
Inspire à leurs pareils l’amour au désespoir ;720
Et ne laissant pour arme à leur douleur pressante
Qu’une haine sans force, une rage impuissante,
Je m’assure un triomphe en ce glorieux jour
Sur leurs ressentiments, comme sur leur amour.
Qu’en disent nos deux rois ?

OCTAR.

Qu’en disent nos deux rois ?Leurs âmes, alarmées725
De voir par ce renfort leurs tentes enfermées,
Affectent de montrer une tranquillité…

ATTILA.

De leur tente à la mienne ils ont la liberté.