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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/193

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ACTE V, SCÈNE VII.

Scène VII.

ARDARIC, VALAMIR, HONORIE, ILDIONE, OCTAR.
ARDARIC.

Ce n’est pas tout, Seigneur ; la haine générale,
N’ayant plus à le craindre, avidement s’étale ;1770
Tous brûlent de servir sous des ordres plus doux,
Tous veulent à l’envi les recevoir de nous.
Ce bonheur étonnant que le ciel nous renvoie
De tant de nations fait la commune joie ;
La fin de nos périls en remplit tous les vœux,1775
Et pour être tous quatre au dernier point heureux,
Nous n’avons plus qu’à voir notre flamme avouée
Du souverain de Rome et du grand Mérouée :
La princesse des Francs m’impose cette loi.

HONORIE.

Pour moi, je n’en ai plus à prendre que de moi.1780

ARDARIC.

Ne perdons point de temps en ce retour d’affaires :
Allons donner tous deux les ordres nécessaires.
Remplir ce trône vide, et voir sous quelles lois
Tant de peuples voudront nous recevoir pour rois[1].

VALAMIR.

Me le permettez-vous, Madame ? et puis-je croire1785
Que vous tiendrez enfin ma flamme à quelque gloire ?

HONORIE.

Allez ; et cependant assurez-vous, Seigneur,
Que nos destins changés n’ont point changé mon cœur.

FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.
  1. Jornandès (de Getarum rebus gestis, chapitre l) rapporte que ce fut Ardaric qui le premier, après la mort d’Attila, se souleva contre son fils, et qui par sa défection délivra non-seulement sa propre nation, mais encore toutes les autres, qui étaient également opprimées.