Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/261

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Pour peu qu’il contribue à faire mon malheur ;
Mais je n’ai qu’à le voir pour calmer ces alarmes.

DOMITIAN.

1160N’y perdez point de temps, portez-y tous vos charmes :
N’en oubliez aucun dans un péril si grand.
Peut-être, ainsi que vous, ce dessein le surprend ;
Mais je crains qu’après tout son âme irrésolue
Ne relâche un peu trop sa puissance absolue,
1165Et ne laisse au sénat décider de ses vœux,
Pour se faire une excuse[1] envers l’une des deux.

BÉRÉNICE.

Quelques efforts qu’on fasse, et quelque art qu’on déploie,
Je vous réponds de tout, pourvu que je le voie ;
Et je ne crois pas même au pouvoir de vos dieux
1170De lui faire épouser Domitie à mes yeux.
Si vous l’aimez encor, ce mot vous doit suffire.
Quant au sénat, qu’il m’ôte ou me donne l’empire,
Je ne vous dirai point à quoi je me résous.
Voici votre inconstante. Adieu, pensez à vous.


Scène III.

DOMITIAN, DOMITIE, ALBIN, PLAUTINE.
DOMITIE.

1175Prince, si vous m’aimez, l’occasion est belle.

DOMITIAN.

Si je vous aime ! Est-il un amant plus fidèle ?
Mais, Madame, sachons ce que vous souhaitez.

DOMITIE.

Vous me servirez mal, puisque vous en doutez.
L’amant digne du cœur de la beauté qu’il aime

  1. L’édition de 1682 porte, par erreur, « un excuse. »