Et qui peut immoler son intérêt au mien,
Peut se promettre tout de qui ne promet rien.
Peut-être qu’en l’état où je suis avec Tite,
Je veux bien le quitter, mais non pas qu’il me quitte.
Vous en dis-je trop peu pour vous l’imaginer ?
Et depuis quand l’amour n’ose-t-il deviner ?
Tous mes emportements pour la grandeur suprême
Ne vous déguisent point, Seigneur, que je vous aime ;
Et l’on ne voit que trop quel droit j’ai de haïr
Un empereur sans foi qui meurt de me trahir.
Me condamnerez-vous à voir que Bérénice
M’enlève de hauteur le rang d’impératrice ?
Lui pourrez-vous aider à me perdre d’honneur ?
Ne pouvez-vous le mettre à faire mon bonheur ?
J’ai quelque orgueil encor, Seigneur, je le confesse.
De tout ce qu’il attend rendez-moi la maîtresse,
Et laissez à mon choix l’effet de votre espoir :
Que ce soit une grâce, et non pas un devoir ;
Et que…
De tant de vains détours je vois trop l’artifice,
Et ne saurois douter du choix que vous ferez
Quand vous aurez par moi ce que vous espérez.
Épousez, j’y consens, le rang de souveraine ;
Faites l’impératrice, en donnant une reine ;
Disposez de sa main, et pour première loi,
Madame, ordonnez-lui d’abaisser l’œil sur moi.
Cet objet de ma haine a pour vous quelque charme.
Son nom seul prononcé vous a mise en alarme :