Me puis-je mieux venger, si vous me trahissez,
Que d’aimer à vos yeux ce que vous haïssez ?
Parlons à cœur ouvert. Aimez-vous Bérénice ?
Autant qu’il faut l’aimer pour vous faire un supplice.
Après cela, Seigneur, je ne vous dis plus rien.
S’il n’a pas pour votre âme une assez rude gêne,
J’y puis joindre au besoin une implacable haine.
Et moi, dût à jamais croître ce grand courroux,
J’épouserai, madame, ou Bérénice, ou vous.
Ou Bérénice, ou moi ! La chose est donc égale,
Et vous ne m’aimez plus qu’autant que ma rivale ?
La douleur de vous perdre, hélas !…
Nous verrons cet amour dont vous nous menacez.
Cependant si la Reine, aussi fière que belle,
Sait comme il faut répondre aux vœux d’un infidèle,
Ne me rapportez point l’objet de son dédain
Qu’elle n’ait repassé les rives du Jourdain.
Scène IV.
Admire ainsi que moi de quelle jalousie
Au seul nom de la Reine elle a paru saisie ;