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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/265

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Me puis-je mieux venger, si vous me trahissez,
Que d’aimer à vos yeux ce que vous haïssez ?

DOMITIE.

Parlons à cœur ouvert. Aimez-vous Bérénice ?

DOMITIAN.

Autant qu’il faut l’aimer pour vous faire un supplice.

DOMITIE.

1265Ce sera donc le vôtre encor plus que le mien.
Après cela, Seigneur, je ne vous dis plus rien.
S’il n’a pas pour votre âme une assez rude gêne,
J’y puis joindre au besoin une implacable haine.

DOMITIAN.

Et moi, dût à jamais croître ce grand courroux,
1270J’épouserai, madame, ou Bérénice, ou vous.

DOMITIE.

Ou Bérénice, ou moi ! La chose est donc égale,
Et vous ne m’aimez plus qu’autant que ma rivale ?

DOMITIAN.

La douleur de vous perdre, hélas !…

DOMITIE.

La douleur de vous perdre, hélas !…C’en est assez :
Nous verrons cet amour dont vous nous menacez.
1275Cependant si la Reine, aussi fière que belle,
Sait comme il faut répondre aux vœux d’un infidèle,
Ne me rapportez point l’objet de son dédain
Qu’elle n’ait repassé les rives du Jourdain.


Scène IV.

DOMITIAN, ALBIN.
DOMITIAN.

Admire ainsi que moi de quelle jalousie
1280Au seul nom de la Reine elle a paru saisie ;