Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’autres pourront un jour vous rendre ce service.
Cependant, pour régler le sort de Bérénice,
Vous pouvez faire agir vos amis au sénat ;
Ils peuvent m’y nommer lâche, parjure, ingrat :
1575J’attendrai son arrêt, et le suivrai peut-être.

DOMITIE.

Suivez-le, mais tremblez s’il flatte trop son maître.
Ce grand corps tous les ans change d’âme et de cœurs ;
C’est le même sénat, et d’autres sénateurs.
S’il alla pour Néron jusqu’à l’idolâtrie,
1580Il le traita depuis de traître à sa patrie,
Et réduisit ce prince indigne de son rang
À la nécessité de se percer le flanc[1].
Vous êtes son amour, craignez d’être sa haine
Après l’indignité d’épouser une reine.
1585Vous avez quatre jours pour en délibérer.
J’attends le coup fatal, que je ne puis parer.
Adieu. Si vous l’osez, contentez votre envie ;
Mais en m’ôtant l’honneur n’épargnez pas ma vie.


Scène III.

TITE, FLAVIAN.
TITE.

L’impétueux esprit ! Conçois-tu, Flavian,
1590Où pourroient ses fureurs porter Domitian,
Et de quelle importance est pour moi l’hyménée
Où par tous mes désirs je la sens condamnée ?

FLAVIAN.

Je vous l’ai déjà dit, Seigneur : pensez-y bien,

  1. Néron entendant approcher les cavaliers qui avaient ordre de l’amener vivant, s’enfonça le fer dans la gorge, aidé de son secrétaire Épaphrodite. Voyez Suétone, Vie de Néron, chapitre XLIX.