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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/282

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BÉRÉNICE.

Daigne me préserver le ciel…

TITE.

Daigne me préserver le ciel…De quoi, Madame ?

BÉRÉNICE.

De voir tant de foiblesse en une si grande âme !
1645Si j’avois droit par là de vous moins estimer,
Je cesserois peut-être aussi de vous aimer.

TITE.

Ordonnez donc enfin ce qu’il faut que je fasse.

BÉRÉNICE.

S’il faut partir demain, je ne veux qu’une grâce :
Que ce soit vous, Seigneur, qui le veuillez pour moi,
1650Et non votre sénat qui m’en fasse la loi.
Faites-lui souvenir, quoi qu’il craigne ou projette,
Que je suis son amie, et non pas sa sujette ;
Que d’un tel attentat notre rang est jaloux,
Et que tout mon amour ne m’asservit qu’à vous.

TITE.

Mais peut-être, Madame…

BÉRÉNICE.

1655Mais peut-être, Madame…Il n’est point de peut-être,
Seigneur : s’il en décide, il se fait voir mon maître ;
Et dût-il vous porter à tout ce que je veux,
Je ne l’ai point choisi pour juge de mes vœux.