Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/481

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Tu ne sais ce qu’il fait, tu ne sais ce qu’il pense.
Une sœur est plus propre à cette confiance :
Elle sait s’il m’accuse, ou s’il plaint mon malheur,
140S’il partage ma peine, ou rit de ma douleur,
Si du vol qu’on lui fait il m’estime complice,
S’il me garde son cœur, ou s’il me rend justice.
Je la vois : force-la, si tu peux, à parler ;
Force-moi, s’il le faut, à ne lui rien celer.
145L’oserai-je, grands Dieux ! ou plutôt le pourrai-je ?

ORMÈNE.

L’amour, dès qu’il le veut, se fait un privilège ;
Et quand de se forcer ses desirs sont lassés,
Lui-même à n’en rien taire il s’enhardit assez.



Scène II.

EURYDICE, PALMIS, ORMÈNE.
PALMIS.

J’apporte ici, Madame, une heureuse nouvelle :
Ce soir la Reine arrive.

EURYDICE.

150Ce soir la Reine arrive.Et Mandane avec elle ?

PALMIS.

On n’en fait aucun doute.

EURYDICE.

On n’en fait aucun doute.Et Suréna l’attend
Avec beaucoup de joie et d’un esprit content ?

PALMIS.

Avec tout le respect qu’elle a lieu d’en attendre.

EURYDICE.

Rien de plus ?

PALMIS.

Rien de plus ?Qu’a de plus un sujet à lui rendre ?