Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/527

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EURYDICE.

Ma vie est en ses mains, et de son grand courage
1250Il peut montrer sur elle un glorieux ouvrage.

PACORUS.

Traitez-le mieux, de grâce, et ne vous alarmez
Que pour la sûreté de ce que vous aimez.
Le Roi sait votre foible et le trouble que porte
Le péril d’un amant dans l’âme la plus forte.

EURYDICE.

1255C’est mon foible, il est vrai ; mais si j’ai de l’amour,
J’ai du cœur, et pourrois le mettre en son plein jour.
Ce grand roi cependant prend une aimable voie
Pour me faire accepter ses ordres avec joie !
Pensez-y mieux, de grâce ; et songez qu’au besoin
1260Un pas hors du devoir nous peut mener bien loin.
Après ce premier pas, ce pas qui seul nous gêne,
L’amour rompt aisément le reste de sa chaîne ;
Et tyran à son tour du devoir méprisé,
Il s’applaudit longtemps du joug qu’il a brisé.

PACORUS.

Madame…

EURYDICE.

1265Madame…Après cela, Seigneur, je me retire ;
Et s’il vous reste encor quelque chose à me dire,
Pour éviter l’éclat d’un orgueil imprudent,
Je vous laisse achever avec mon confident.



Scène IV.

PACORUS, SURÉNA.
PACORUS.

Suréna, je me plains, et j’ai lieu de me plaindre.