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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/544

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Mais il vous en croira, vous ne les perdrez pas.
1685Ne lui refusez point un mot qui le retienne,
Madame.

EURYDICE.

Madame.S’il périt, ma mort suivra la sienne.

PALMIS.

Je puis en dire autant ; mais ce n’est pas assez.
Vous avez tant d’amour, Madame, et balancez !

EURYDICE.

Est-ce le mal aimer que de le vouloir suivre ?

PALMIS.

1690C’est un excès d’amour qui ne fait point revivre.
De quoi lui servira notre mortel ennui ?
De quoi nous servira de mourir après lui ?

EURYDICE.

Vous vous alarmez trop : le Roi dans sa colère
Ne parle…

PALMIS.

Ne parle…Vous dit-il tout ce qu’il prétend faire ?
1695D’un trône où ce héros a su le replacer,
S’il en veut à ses jours, l’ose-t-il prononcer ?
Le pourroit-il sans honte ? et pourrez-vous attendre[1]
À prendre soin de lui qu’il soit trop tard d’en prendre ?
N’y perdez aucun temps, partez : que tardez-vous ?
1700Peut-être en ce moment on le perce de coups ;
Peut-être…

EURYDICE.

Peut-être…Que d’horreurs vous me jetez dans l’âme !

PALMIS.

Quoi ? vous n’y courez pas !

EURYDICE.

Quoi ? vous n’y courez pas !Et le puis-je, Madame ?

  1. Voltaire (1764) a changé le futur en coditionnel : « et pourriez-vous attendre. »