Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/545

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Donner ce qu’on adore à ce qu’on veut haïr,
Quel amour jusque-là put jamais se trahir ?
1705Savez-vous qu’à Mandane envoyer ce que j’aime,
C’est de ma propre main m’assassiner moi-même ?

PALMIS.

Savez-vous qu’il le faut, ou que vous le perdez ?



Scène V.

EURYDICE, PALMIS, ORMÈNE.
EURYDICE.

Je n’y résiste plus, vous me le défendez.
Ormène vient à nous, et lui peut aller dire
1710Qu’il épouse… Achevez tandis que je soupire.

PALMIS.

Elle vient toute en pleurs[1].

ORMÈNE.

Elle vient toute en pleurs.Qu’il vous en va coûter !
Et que pour Suréna…

PALMIS.

Et que pour Suréna…L’a-t-on fait arrêter ?

ORMÈNE.

À peine du palais il sortoit dans la rue,
Qu’une flèche a parti d’une main inconnue ;
1715Deux autres l’ont suivie ; et j’ai vu ce vainqueur,
Comme si toutes trois l’avaient atteint au cœur,
Dans un ruisseau de sang tomber mort sur la place[2].

EURYDICE.

Hélas !

  1. C’est ici seulement que Voltaire termine la scène iv.
  2. « Hyrodes feit mourir Surena pour l’envie qu’il porta à sa gloire. » (Plutarque, Vie de Crassus, xxxiii.)