chevêque de Rouen, dans le diocèse duquel Dieu m’a donné la naissance et arrêté ma fortune. Cet ouvrage a commencé avec son pontificat[1] ; et comme ce prélat a des talents merveilleux pour remplir toutes les fonctions d’un grand pasteur, et une ardeur infatigable de s’en acquitter, les plus belles lumières qui m’ayent servi à l’exécution de cette entreprise, je les dois toutes aux vives clartés des instructions éloquentes et solides qu’il ne se lasse point de donner à son troupeau, ou aux rayons secrets et pénétrants que sa conversation familière répand à toute heure sur ceux qui ont le bonheur de l’approcher. Je lui ai donc voulu faire, non pas tant un présent de mon travail qu’une restitution de son propre bien ; mais la bonté qu’il a pour moi l’a préoccupé jusques à lui persuader que cet effort de ma plume pouvant être utile à tous les chrétiens, il lui falloit un protecteur dont le pouvoir s’étendit sur toute l’Église ; et l’ayant regardé comme le premier fruit qu’il aye recueilli des muses chrétiennes depuis qu’il occupe la chaire de saint Romain[2] il a cru que l’offrir à Votre Sainteté, c’étoit lui offrir en quelque sorte les prémices de son diocèse[3]. Ses
- ↑ Cette assertion n’est pas tout à fait exacte : François de Harlay de Champvallon, né à Paris le 14 août 1625, fut sacré archevêque de Rouen le 28 décembre 1651. Cette année est bien, à la vérité, celle où parurent les vingt premiers chapitres du premier livre de l’Imitation ; mais, comme nous l’avons dit dans la Notice, l’Achevé d’imprimer est du 15 novembre, ce qui, si l’on tient un juste compte du temps que Corneille mit à faire ce premier essai de traduction, fait remonter le commencement de l’ouvrage un peu plus haut que le pontificat du nouvel archevêque.
- ↑ Évêque de Rouen, mort en 639.
- ↑ Le Gendre nous apprend que François de Harlay s’était chargé de faire parvenir au pape le premier exemplaire de l’Imitation de Corneille, et qu’il y avait joint une lettre : Poeticæ illecebris poetarumque consuetudine olim delectatus fuerat ; utebatur familiariter, dum esset Rothomagi, Guillelmo de Brebeuf, qui Pharsalicum Lucani carmen