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sont grandes, d’une couleur blanche pourprine, & distinguée en cinq feüilles en façon d’étoile. Son fruit est de la grandeur d’une petite amande verte, quadrangulaire, & s’ouvre estant meur. Les grains qu’il contient sont comme ceux des raisins, mais beaucoup plus ronds. Les Sauvages font grand cas de cet arbre, & le plantent autour de leurs habitations. Il demeure verd toute l’année, & porte son fruit au Printemps. C’est en ce temps qu’on a de coustume de le tailler, à cause du feu qu’on tire de son bois, comme d’un caillou. Son écorce est bonne à faire des cordes, qui sont plus fortes que celles que l’on fait avec du chanvre. Sa semence est propre à faire de la teinture cramoisi rouge, dont non seulement les Peintres se servent, mais aussi les Medecins, parce qu’elle est de qualité froide. Beuë avec quelque eau de la mesme qualité, ou appliquée au dehors, elle tempere l’ardeur de la fiévre, & arreste la dyssenterie. On la mesle fort utilement dans toutes les potions refrigerantes.

ACHITH. s. m. Plante qui croist dans l’Isle de Madagascar, & qui traisne par terre, comme le sep de la vigne, dont elle est une espece. Ses feüilles toûjours vertes, & qui ne tombent jamais, sont rondes, aiguës au bout & dentelées comme celles du lierre. Elle porte un fruit que ceux du pays appellent Voachits. Il meurit au mois de Decembre, de Janvier & de Février, & est gros comme un raisin qui n’a pas encore atteint sa maturité.

ACHOISON. s. f. Vieux mot. Occasion, loisir. On a dit aussi Achaison. Ainsi on trouve dans Patelin,

Vous ne voudriez jamais trouver d'autre Achaison,
De venir boire en ma maison.

Il a signifié aussi, Vexation, tribut injustement imposé.

ACHRONIQUE. adj. Terme d’Astrologie. Il se dit d’un Astre, ou d’un point du Ciel, qui se trouve opposé au Soleil, ou dans son lever, ou dans son coucher, en sorte que l’un se leve quand l’autre se couche. Ce mot vient de la particule privative a, & de khronos, Temps, comme qui diroit sans temps.

ABS

ACIDE. s. m. Terme de Chymie. Sel piquant, feu potentiel & dissolvant, qui donne l’estre aux mixtes, & qui est dans tous. En ce sens il est opposé à l’Alkali. On fait venir ce mot du Grec ακιζ, Pointe, à cause que les acides piquent la langue.

ACIER. s. m. Fer affiné, & celuy de tous les metaux qui est susceptible d’une plus grande dureté. M. Felibien en fait connoistre de cinq sortes ; le Soret ou Clamecy, l’acier de Piemont, l’acier d’Allemagne, l’acier de Carme & l’acier de grain.

Le petit Acier commun, appellé Soret, le Clamecy ou Limosin, se vend par carreaux ou billes de quatre pouces de long, ou environ ; & pour estre bon, les carreaux en doivent estre nets, sans pailles ny surchauffures, en sorte que dans la casse que l’on en fait par enhaut, il paroisse net, & ait un grain blanc & délié.

L’Acier qui vient de Piémont est un peu plus gros que le Clamecy. Il doit estre clair & net, & sans veines noires, avoir le grain menu & blanc, & se casser aisément par le bout qui est trempé, lors qu’on frappe contre quelque piece de fer, ou contre un autre carreau d’acier. Quand il a ces marques de bonté, il est propre à faire des outils pour couper du pain, de la chair, de la corne, du bois, du papier, & autres choses semblables. Il vient


aussi de Piémont un Acier artificiel, fait avec de menuës pieces de fer. On les met lit sur lit dans un grand creuset, ou pot de terre, avec un couvercle par dessus, si bien luté, qu’aucune fumée n’en puisse sortir. On met ce pot dans un fourneau qui n’est fait que pour cela, & on se sert d’un charbon de bois pilé & fraischement fait. Il faut affiner deux fois cet acier pour le rendre bon, & alors il est propre à travailler à la terre, & à acerer des marteaux & autres outils dont on travaille avec violence.

L’Acier qui vient d’Allemagne est par petites barres quarrées de sept à huit pieds de long. Quand il est sans pailles, surchauffures, veines noires, fourures de fer, on peut se tenir seur qu’il est bon. On en fait des ressorts de serrures, d’arquebuses, & autres ressorts, des arcs d’arbalestes & des épées.

L’Acier de Carme, ou à la rose, vient encore d’Allemagne. On en apporte aussi de Hongrie. On peut s’asseurer de sa bonté lors qu’il est souple à la main tout le long des barres, sans pailles ny surchauffures, & qu’en le cassant on y découvre une tache presque noire tirant sur le violet, qui traverse presque la barre de tous costez. Il doit encore avoir le grain fort délié & sans pailles ny apparence de fer. Cet acier, qui est le meilleur qu’on employe en France, est propre pour faire des ciseaux à couper le fer à froid, des burins, des ciselets, des faux, des outils à couper la pierre, la corne, le papier, le bois, &c.

L’Acier de grain, autrement Acier de Motte ou de Moudragon, est un Acier par grosses masses en forme de grands pains plats que l’on apporte d’Espagne. Ces masses ont quelquefois plus de dix-huit pouces de diametre, & depuis deux jusqu’à cinq pouces d’épaisseur. Cet Acier est bon, lors qu’en le cassant on voit qu’il est sans veines noires ny apparence de fer, & qu’il a le grain délié & de couleur presque jaune. Estant bien affiné, il est bon à faire des ciseaux pour couper le fer à froid. On en peut aussi acerer des marteaux & autres outils avec lesquels on travaille à des ouvrages penibles, comme à couper le marbre & la pierre.

Outre ces cinq sortes d’Acier, dont parle M. Felibien, il y a encore celuy que l’on appelle Acier de Damas, parce qu’il vient de Damas, ville de Syrie. Son grain est si fin, qu’il coupe le fer sans estre trempé.

ACO

ACŒMETES. s. m. Religieux, dont la Congregation fut instituée à Constantinople en 499. sous l’Episcopat de Gennade. Ce mot est Grec, ακοιμήτοζ, & veut dire, Qui ne dort point, de la lettre a, particule privative, & de κοιμαώ, Je dors, ou je fais dormir. Le nom d’Acœmetes leur fut donné, à cause qu’ils avoient estably une priere perpetuelle pendant la nuit, qu’ils passoient entiere à chanter les loüanges de Dieu, en se succedant les uns aux autres dans cette pieuse fonction. Ils s’opposerent avec beaucoup de courage à Acacius de Constantinople, qui par un motif d’ambition s’estoit revolté contre l’Eglise. Dans le sixiéme siecle ils embrasserent les sentimens des Nestoriens, & l’Empereur Justinien les fit condamner à Constantinople. Cela fut cause qu’ils envoyerent deux de leurs Moines à Rome, où ils creurent devoir estre mieux traitez ; mais le Concile que le Pape Jean II. fit assembler en 532 definit tout le contraire de l’opinion qu’ils soustenoient.

ACOLALAN. s. m. Petit insecte qui se trouve


Tome III.

B