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dans l’Isle de Madagascar, moins puant qu’une punaise, mais qui luy ressemble. Il se multiplie en peu de temps, & devient enfin de la grosseur du pouce. Quand il est en cet état il prend des ailes. Les petits se tiennent en grand nombre dans les maisons & dans les cabanes, & se glissent dans les armoires, où ils rongent tout ce qu’ils rencontrent, & principalement les habits.

ACOLYTHES. s. m. p. Nom qui fut donné par les Grecs à ceux que rien n’estoit capable de retirer d’une resolution, quand ils l’avoient prise. C’estoit par cette raison que les Stoïciens estoient nommez Acolythes, comme estant inébranlables dans leurs sentimens. Ce mot vient du Grec άκολυθέιν, qui veut dire, Suivre. On a depuis nommé Acolythes, ceux qui se consacroient à Dieu, & qui avoient dans l’Eglise un des moindres Ordres des sept qui sont nommez dans les Actes du Concile de Rome. Aujourd’huy on nomme encore Acolythe, celuy qui fait la fonction du premier des quatre Ordres mineurs, comme de porter les chandeliers, la navette où est l’encens, &c.

ACOMAS. s. m. Sorte d’arbre des plus gros & des plus hauts qu’il y ait dans les Antilles, & le meilleur pour les bastimens. Il ne croist guere que dans les terres sablonneuses ; & des Voyageurs rapportent qu’ils en ont veu des poutres de dix-huit pouces en quarré & de soixante pieds de longueur. L’écorce de cet arbre est grise & tachée de blanc en plusieurs endroits, & ressemble en épaisseur à celle du chesne. Son bois, qui ne coule point à fond, quoy qu’il soit dur & pesant, est beau & jaune comme le boüis nouvellement travaillé ; mais le temps le fait souvent ternir & le rend blanchâtre. Ses feüilles sont longues & larges, & separées d’une petite coste blanche par le milieu. Le fruit qu’il porte est jaune comme de l’or, & ressemble à une olive, mais le noyau en est plus gros. Quoyque ce fruit soit amer au goust & desagreable, les ramiers ne laissent pas d’en estre friands. Il y a de deux autres sortes d’Acomas ; l’un qu’on appelle Acomas bastard, & qui croist à la capsterre de la Guadeloupe. Il n’est ny si beau ny si haut que le premier, & on s’en sert moins dans les bastimens ; & le second, qui se trouve aux environs de la grande ance, ne differe du plus haut, qu’en ce qu’il a le cœur rouge comme du bois de Bresil.

ACOMMICHER. v. a. Vieux mot. Communier. On lit dans Froissard, Et fit le Roy dire grand planté de Messes, pour acommicher ceux qui devotion en avoient. Ce mot veut dire proprement, Manger ensemble de la mesme miche, ou du mesme pain.

ACOMPARAGER. Vieux mot. Comparer.

ACONIT. s. m. Herbe venimeuse, dont la tige est longue d'un empan, & la racine semblable à la queuë du scorpion. Sa semence est un poison ; elle est enfermée dans son sommet, qui a la forme d'un heaume. Il y a de deux sortes d'Aconit venimeux. On appelle l'un Pardalianches, c'est à dire, qui fait mourir les Pantheres & les leopards. L'autre est appellé Cynoctomum & Lycoctonum, c'est-à-dire, qui tuë les chiens, les loups & les renards. Cet Aconit estant chaud & sec au-delà du quatriéme degré, il ne se peut qu'il ne cause de tres-dangereux effets, quand il est pris interieurement. Aussi s'il arrive quelquefois qu'on s'en serve en medecine, c'est comme septique & toûjours exterieurement.

Il y a aussi un Aconit salutifere, qu'on nomme Anthora, comme si c'estoit le contrepoison d'une plante venimeuse appellée Thora. Ses qualitez sont d'estre chaud & sec, mais moins que l'autre Aconit. Il est cordial & amer au goust, & sa principale ver-


tu est de resister aux maladies malignes, à la peste mesme, & aux piqueures & morsures des bestes venimeuses. Quelques uns font venir Aconit du nom d'une Ville de Bithinie appellée Acone, aux environs de laquelle l'Aconit se trouve en abondance.

ACONTIAS. s. m. Espece de serpent, long de trois pieds, & qui a un peu plus d'un pouce de grosseur. Il y en a quantité en Calabre & en Sicile. Sa teste est fort grosse & d'une couleur cendrée. Celle du reste de son corps est assez obscure à l'exception du ventre qui ne l'est pas tant. Il s'entortille sur un arbre, & s'élance de là sur un homme avec tant de violence, qu'il semble égaler la vistesse d'une fleche. C'est de là qu'il a pris le nom d'Acontias, du Grec ακοντιον, qui veut dire Javelot.

ACORUS. s. m. Il y a de deux sortes d’Acorus, le vray & le faux. Le vray Acorus est une racine qu’on nous apporte de Lithuanie ou de Tartarie. Les feüilles en sont longues, & ressemblent à celles de l’Iris. Cette racine, qui est fort noüée, & de la grosseur du petit doigt, rampe presque à fleur de terre, & cherche sa nourriture par des filamens qu’elle a au-dessous. Sa couleur est blanche, tirant sur le rouge. Elle est d’une substance fort rare & legere, d’un goust un peu acre, & rend une odeur assez agreable, quoy qu’elle soit forte. Les Apothicaires l’appellent Calamus aromaticus, qui est un roseau, parce que le vray Acorus est mis souvent en sa place. Le faux Acorus n’est autre chose que le Glayeul aquatique, dont les fleurs sont jaunes, & qu’on appelle par cette raison Gladiolus luteus. La difference est fort grande entre les deux. Le faux desseche sans échauffer, & est astrigent. C’est pourquoy il faut bien prendre garde à ne s’en pas servir au lieu du vray, qui estant aperitif, fortifie l’estomac, le foye & la rate, rompt la pierre, & corrobore les nerfs & les jointures.

ACOUTI. s. m. Petit animal des Isles de l’Amerique, dont le poil est roux & rude comme celuy d’un cochon de trois mois, & qui a le corps, l’agilité & les dents d’un lievre, mais la queuë pelée & plus courte. Sa teste approche de celle d’un rat, & ses oreilles sont courtes & arrondies. Il a six orteils onglez aux jambes de derriere, qui n’ont aucun poil, & à celles de devant il n’en a que quatre. Il se retire dans des arbres creux, & se nourrit de racines d’arbres. La femelle porte deux ou trois fois l’année, & n’a jamais que deux petits à la fois. Elle leur fait sucer son lait deux ou trois jours dans un petit lit d’herbes ou de mousse, qu’elle a soin de dresser sous un buisson, quand elle sent qu’elle est preste à mettre bas. Ensuite elle les transporte dans ces creux d’arbres où les Acoutis vont passer la nuit, & leur apporte dequoy s’y nourrir, jusqu’à ce qu’ils soient en état d’en aller chercher eux-mesmes. Ces animaux sentent fort la venaison, & ont la chair extrémement dure. Les habitans des Isles où ils se trouvent, ont presque tous de petits chiens qu’ils dressent à les chasser. Ces chiens les poursuivent jusque dans le creux des arbres, où les chasseurs les enfument. Ce petit animal s’apprivoise. On luy apprend à marcher sur les pates de derriere, & à prendre avec celles de devant, la viande ou le fruit qu’on luy presente, & il mange ce qu’on luy donne à la maniere des Singes.

A C O

ACQUERAUX. s. m. p. Instrumens de guerre dont on se servoit autrefois pour jetter des pierres.

A C R

ACRIDOPHAGES. s. m. p. On a appellé ainsi