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ÆS ÆT AF AFF 13

pereur Auguste imposa aux Espagnols, & que le mot Ære, fut formé du mot Latin ære. L’Edit de ce tribut fut publié à Tarragone en Espagne trente-huit ans avant la naissance du Sauveur, ce qui est cause que l’Ære d’Espagne precede de ce mesme nombre d’années l’Ære Chrestienne. On s’en est servi generalement en ce Royaume, jusqu’à l’an 1351. que l’on commença à y compter par les années de Jesus-Christ. Les autres Æres dont les Chronologues font le plus de mention, sont celle de Nabonassar, premier Roy des Chaldéens ou des Babyloniens, depuis le démembrement de l’Assyrie, & celle des Grecs Seleucides. La pluspart mettent la premiere le 26. Février de l’an 3306. du monde, & l’autre est fixée en l’an 442. de Rome.

AES

ÆSIER. v. a. Vieux mot. Réjoüir. C’est de là qu’est venu Aise.

ÆSMER. v. a. Vieux mot. Comparer.

Ains le pooit on æsmer,

A chant de Serene de mer.

Il a esté aussi employé comme neutre dans le sens de Présumer, conjecturer, & on trouve dans Villehardoüin. Qui dit & æsmerent qu’il y avoit quatre cens Chevaliers.

ÆS-USTUM. s. m. Cuivre brûlé. On en fait entrer dans la composition de la couleur verte, & il sert à plusieurs usages dans la Medecine. Le cuivre se brusle en le calcinant, ce qui se fait de deux sortes. Ou bien on le calcine en crocus comme le fer, en le reduisant en limaille & le mettant sur une tuile bordée, où il faut le tenir sept ou huit jours au feu de reverbere, ou bien on le calcine en le reduisant en lamines & le stratifiant avec du souffre en poudre dans un pot qu’on ne craigne point que le feu casse. Ce pot doit avoir un trou au milieu de son couvercle, afin que le souffre puisse s’exhaler.

AET

ÆTHIOPIS. s. f. Plante dont les feuïlles sont semblables au Bouïllon, veluës, fort épaisses, & disposées en rond vers la racine. Sa tige est quarrée & aspre, & ressemble à celle de la Melisse, estant toute garnie de concavitez & d’ailes. Sa graine est grosse comme celle d’Orobus, & croist toûjours double dans une mesme bourse. L’Æthiopis jette plusieurs racines, qui viennent toutes d’un mesme tronc. Elles sont longues, massives, visqueuses & pasteuses au goust. Dioscoride dit que cette plante croist abondamment au mont Ida prés de Troye, & qu’elle est bonne à ceux qui crachent le sang, aux sciatiques & aux pleuresies.

ÆTITE. s. f. Pierre qui se trouve souvent dans les nids d’Aigle, & que par cette raison on appelle Pierre d’Aigle, du Grec ætos Aigle. Selon Pline il y en a de quatre sortes. La premiere qui naist en Afrique, & qui est plus molle & plus petite que les autres, renferme dans sa cavité une terre blanche & argilleuse. Il appelle celle-là femelle. Celle qu’il appelle masle, & qui est plus dure & plus grosse que la premiere, est rougeastre & se trouve en Arabie. Elle renferme une autre pierre fort dure, & ressemble presque à une noix de galle. La troisiéme est fort tendre, & se trouve en Chypre. Elle est semblable à l’Ætite femelle ; mais un peu plus grosse. La derniere qui a pris le nom de Taphycata du lieu d’où elle vient, est ronde, blanche & fort molle, & resonne fort quand on la remuë,


à cause d’une autre pierre qu’elle contient, & qu’on nomme Calinus. La proprieté de cette sorte de pierre, c’est d’avancer l’accouchement si on l’attache à la cuisse d’une femme, & de le retarder en la luy mettant dans le sein.

ÆTIENS. s. m. Heretiques qui suivoient les sentimens d’Arius & d’Aëce, surnommé l’Athée, & qui furent appellez Purs Ariens. Ils eurent le nom d’Eunoméens, à cause qu’ils embrasserent l’impieté d’Eunome, le plus insigne disciple d’Aëce. Celuy de Dissemblables qui leur fut aussi donné, vint de ce qu’ils croyoient que le Fils estoit dissemblable à son Pere en essence & en tout le reste. Ils tenoient leurs assemblées dans des lieux secrets, & leur Secte n’ayant trouvé aucun appuy à la Cour, elle s’éteignit en peu de temps.

AF

AFEULER. v. a. Vieux mot. Retrousser, empoigner avec violence.

Il prend son chapeau, & l’afeule.

AFEURER. v. a. Vieux mot. Mettre à certain prix, taxer, estimer. On a dit aussi Aforer, du Latin Forum, Marché.

AFICHIER. v. n. p. S’afichier ou s’aficher. S’asseurer, se confier.

Celuy qui en tresors s’affiche.

AFLUBER. v. a. Vieux mot. Couvrir, revestir d’habits. On dit aussi Afeubler & Afibler, du Latin Infulare.

AFF

AFFAITAGE. s. m. Terme de Fauconnerie. Soin qu’on se donne pour bien dresser un oiseau de proye.

AFFAITER. v. a. Apprivoiser un oiseau sauvage, le rendre familier, & faire en sorte qu’il revienne sur le poing ou au leurre quand on l’a laissé voler. On dit aussi Affaiter un Oiseau, pour dire, L’introduire au vol, le curer, & en avoir tous les soins qu’il faut pour le tenir en santé.

AFFAITIER. v. a. Vieux mot. Racommoder. Et luy demandez de ce cuir qu’il emporte, & vous dira qu’il en veut ses soliers affaitier quand il seroit dépeciez. On a dit aussi s’affaitier, pour dire, S’instruire, se rendre sçavant, car de plusieurs langues s’estoit fait affaitier, d’où vient qu’on a dit Affaitié, pour Bien appris, bien élevé.

Jean li Nivelois fut moult bien affaitiez.

AFFALER. v. a. Terme de Marine. On dit Affaler une manœuvre, pour dire, La faire baisser. Ainsi Affale est un commandement qu’on fait quand on veut qu’on abaisse quelque chose. On dit qu’Un Vaisseau est affalé à une coste, sur la coste, pour dire, que La force du vent le contraint de se tenir prés de terre, ou que faute de vent il ne sçauroit s’élever au large.

AFFEBLOYER. v. a. Vieux mot. Affoiblir.

AFFERENTE. adj. f. Terme de Palais. On appelle Part afferente, La part qui appartient à un Heritier dans une succession qu’on partage en plusieurs lots. Ce mot vient du Latin Afferre, Apporter.

AFFERIR. v. n. Vieux mot. Appartenir. On a dit, Ce qui luy affiert, pour dire, Ce qui lui convient.

AFFICHER. v. a. Terme de Cordonnier. Couper les extremitez du cuir quand il est sur la forme. On dit dans ce sens, Afficher une paire de semelles.

AFFIER. v. a. Terme d’Agriculture. Planter, provigner des arbres en sion ou en bouture ; c’est-à-dire, en bouts de plantes ou d’arbres mis dans la terre pour prendre racine.

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