Tout le jour en travail, et la nuit en prière,
souvent ils mêloient tous les deux
et leur cœur poussoit mille vœux
parmi la sueur journalière.
Toute action, tout temps, tout lieu,
étoit propre à penser à Dieu ;
toute heure étoit trop courte à cette sainte idée,
et le doux charme des transports
dont leur âme en ces lieux se trouvoit possédée,
suspendoit tous les soins qu’elle devoit au corps.
Par une pleine horreur des vanités humaines,
ils rejetoient et biens et rang,
et les amitiés ni le sang
n’avoient pour eux aucunes chaînes :
ennemis du monde et des siens,
ils en brisoient tous les liens,
de peur de retomber sous son funeste empire ;
et leur digne sévérité
dans les besoins du corps rencontroit un martyre,
quand ils abaissoient l’âme à leur nécessité.
Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/139
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