Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/152

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Personne en sûreté ne sauroit se produire,
ni parler sans se mettre au hasard de se nuire,
ni prendre sans péril les ordres à donner,
que ceux qui volontiers se cachent,
sans peine au silence s’attachent,
et sans aversion se laissent gouverner.

Non, aucun ne gouverne avec pleine assurance,
que ceux qu’y laisse instruits la pleine obéissance :
qui sait mal obéir ne commande pas bien.
Aucun n’a de joie assurée
que ceux en qui l’âme épurée
rend un bon témoignage et ne reproche rien.

Celui que donne aux saints leur bonne conscience
ne va pourtant jamais sans soin, sans défiance,
dont la crainte de Dieu fait la sincérité ;
et la grâce en eux épandue
ne rend pas de moindre étendue
ni ces justes soucis, ni leur humilité.

Mais la présomption, l’orgueil d’une âme ingrate,
fait cette sûreté dont le méchant se flatte,
et le trompe à la fin, l’ayant mal éclairé.