Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/156

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à Dieu d’autant plus familière,
qu’elle en bannit du siècle et l’amour et le bruit.

Qui se détache donc pour cette solitude
de toutes amitiés et de toute habitude,
plus il rompt les liens du sang et de la chair,
plus de Dieu la bonté suprême,
par ses anges et par lui-même,
pour le combler de biens daigne s’en approcher.

Cache-toi, s’il le faut, pour briser ces obstacles :
l’obscurité vaut mieux que l’éclat des miracles,
s’ils étouffent les soins qu’on doit avoir de soi ;
et le don de faire un prodige,
dans une âme qui se néglige,
d’un précieux trésor fait un mauvais emploi.

Le vrai religieux rarement sort du cloître,
vit sans ambition de se faire connoître,
ne veut point être vu, ne veut point regarder,
et croit que celui-là se tue
qui cherche à se blesser la vue
de ce que, sans se perdre, il ne peut posséder.