Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/162

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N’attire point sur toi les affaires des autres,
ne t’embarrasse point des intérêts des grands :
notre propre besoin nous charge assez des nôtres ;
tu te dois le premier les soins que tu leur rends.
Tiens sur toi l’œil ouvert, et toi-même t’éclaire
avant qu’éclairer tes amis ;
et quand tu peux donner un conseil salutaire
qui les porte à bien faire,
donne-t’en le plus ample et le plus prompt avis.

Pour te voir éloigné de la faveur des hommes,
ne crois point avoir lieu de justes déplaisirs :
elle ne produit rien, en l’exil où nous sommes,
qu’un espoir décevant et de vagues desirs.
Ce qui doit t’attrister, ce dont tu dois te plaindre,
c’est de ne te régler pas mieux,
c’est de sentir ton feu s’amortir et s’éteindre
avant qu’il puisse atteindre
où doit aller celui d’un vrai religieux.

Souvent il est plus sûr, tant que l’homme respire,
qu’il sente peu de joie en son cœur s’épancher,