Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/164

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lui semble un amas de malheurs ;
et plus du haut du ciel il reçoit de lumière,
plus il voit de matière
dessus toute la terre à de justes douleurs.

Sacrés ressentiments, réflexions perçantes,
qui dans un cœur navré versez d’heureux regrets,
que vous trouvez souvent d’occasions pressantes
parmi tant de péchés et publics et secrets !
Mais, hélas ! ces tyrans de l’âme criminelle
l’enchaînent si bien en ces lieux,
qu’il est bien malaisé que vous arrachiez d’elle
quelque soupir fidèle
qui la puisse élever un moment vers les cieux.

Pense plus à la mort, que tu vois assurée,
qu’à la vaine longueur de tes jours incertains,
et tu ressentiras dans ton âme épurée
une ferveur plus forte et des desirs plus saints.
Si ton cœur chaque jour mettoit dans la balance
ou le purgatoire ou l’enfer,
il n’est point de travail, il n’est point de souffrance
où soudain ta constance
ne portât sans effroi l’ardeur d’en triompher.