Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la misère de ton séjour !
Et malheur encor plus si tu n’es pas le maître
de ce qu’il te donne d’amour !

Faut-il que cette vie, en soi si misérable,
ait toutefois un tel attrait
que le plus malheureux et le plus méprisable
ne l’abandonne qu’à regret ?

Le pauvre, qui l’arrache à force de prières,
avec horreur la voit finir,
et l’artisan s’épuise en sueurs journalières
pour trouver à la soutenir.

Que s’il étoit au choix de notre âme insensée
de languir toujours en ces lieux,
nous traînerions nos maux sans aucune pensée
de régner jamais dans les cieux.

Lâches, qui sur nos cœurs aux voluptés du monde
souffrons des progrès si puissants,
que rien n’y peut former d’impression profonde,
s’il ne flatte et charme nos sens !

Nous verrons à la fin, aveugles que nous sommes,