Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/191

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que lui-même à toute heure il se fait violence
pour vaincre de ses sens la mutine insolence,
et que pour seul objet partout il se prescrit
d’assujettir la chair sous les lois de l’esprit !

Ah ! qu’il vaudroit bien mieux par de saints exercices
purger nos passions, déraciner nos vices,
et nous-mêmes en nous à l’envi les punir,
qu’en réserver la peine à ce long avenir !
Mais ce que nous avons d’amour désordonnée,
pour cette ingrate chair à nous perdre obstinée,
nous-mêmes nous séduit, et l’arme contre nous
de tout ce que nos sens nous offrent de plus doux.

Qu’auront à dévorer les éternelles flammes,
que cette folle amour où s’emportent les âmes,
cet amas de péchés, ce détestable fruit
que cette chair aimée au fond des cœurs produit ?
Plus tu suis ses conseils et te fais ici grâce,
plus de matière en toi pour ces flammes s’entasse ;
et ta punition que tu veux reculer