Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/237

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Sache pour ton salut mettre tout en arrière,
et l’avoir seul devant les yeux.

Tu l’avances beaucoup, si tu fais rude guerre
aux soins qui règnent ici-bas ;
et le recules fort, si de toute la terre
tu peux faire le moindre cas.

Ne crois rien fort, rien grand, rien haut, rien desirable,
rien digne de t’entretenir,
que Dieu, que ce qui part de sa main adorable,
que ce qui t’en fait souvenir.

Tiens pour vain et trompeur ce que les créatures
t’offrent de consolations,
et n’abaisse jamais à leurs douceurs impures
l’honneur de tes affections.

L’âme que pour Dieu brûle un feu vraiment céleste
ne peut accepter d’autre appui :
elle est toute à lui seule, et dédaigne le reste,
qu’elle voit au-dessous de lui.

Il est lui seul aussi d’éternelle durée,
il remplit tout de sa bonté,