Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/274

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jusqu’à boire avec lui dans le calice amer.
Les miracles brillants dont il sème sa vie
par leur éclat à peine échauffent notre envie,
que sa honteuse mort refroidit nos esprits
jusqu’à ne vouloir plus de ce don à ce prix.

Beaucoup avec chaleur l’aiment et le bénissent
dont, au premier revers, les louanges tarissent.
Tant qu’ils n’ont à gémir d’aucune adversité,
qu’il n’épanche sur eux que sa bénignité,
cette faveur sensible aisément sert d’amorce
à soutenir leur zèle et conserver leur force ;
mais lorsque sa bonté se cache tant soit peu,
une soudaine glace amortit tout ce feu,
et les restes fumants de leur ferveur éteinte
ne font partir du cœur que murmure et que plainte,
tandis qu’au fond de l’âme un lâche étonnement
va de la fermeté jusqu’à l’abattement.

En usez-vous ainsi, vous dont l’amour extrême
n’embrasse Jésus-Christ qu’à cause de lui-même,
et qui sans regarder votre propre intérêt,
n’avez de passion que pour ce qui lui plaît ?
Vous voyez d’un même œil tout ce qu’il vous envoie :
vous l’aimez dans l’angoisse ainsi que dans la joie ;