Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/275

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vous le savez bénir dans la prospérité,
vous le savez louer dans la calamité ;
une égale constance attachée à ses traces
dans l’un et l’autre sort trouve à lui rendre grâces ;
et quand jamais pour vous il n’auroit que rigueurs,
mêmes remercîments partiroient de vos cœurs.

Pur amour de Jésus, que ta force est étrange,
quand l’amour-propre en toi ne fait aucun mélange,
et que de l’intérêt pleinement dépouillé
d’aucun regard vers nous tu ne te vois souillé !

N’ont-ils pas un amour servile et mercenaire,
ces cœurs qui n’aiment Dieu que pour se satisfaire,
et ne le font l’objet de leurs affections
que pour en recevoir des consolations ?

Aimer Dieu de la sorte et pour nos avantages,
c’est mettre indignement ses bontés à nos gages,
croire d’un peu de vœux payer tout son appui,
et nous-mêmes enfin nous aimer plus que lui ;
mais où trouvera-t-on une âme si purgée,
d’espoir de tout salaire à ce point dégagée,
qu’elle aime à servir Dieu sans se considérer,
et ne cherche en l’aimant que l’heur de l’adorer ?