Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/276

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Certes il s’en voit peu de qui l’amour soit pure
jusqu’à se dépouiller de toute créature ;
et s’il est sur la terre un vrai pauvre d’esprit,
qui détaché de tout, soit tout à Jésus-Christ,
c’est un trésor si grand, que ces mines fécondes
que la nature écarte au bout des nouveaux mondes,
ces mers où se durcit la perle et le coral,
n’en ont jamais conçu qui fût d’un prix égal.

Mais aussi ce n’est pas une conquête aisée
qu’à ses premiers desirs l’homme trouve exposée :
quand pour y parvenir il donne tout son bien,
avec ce grand effort il ne fait encor rien ;
quelque âpre pénitence ici-bas qu’il s’impose,
ses plus longues rigueurs sont encor peu de chose ;
que sur chaque science il applique son soin,
qu’il la possède entière, il est encor bien loin ;
qu’il ait mille vertus dont l’heureux assemblage
de tous leurs ornements pare son grand courage ;
que sa dévotion, que ses hautes ferveurs
attirent chaque jour de nouvelles faveurs :
sache qu’il lui demeure encor beaucoup à faire,
s’il manque à ce point seul, qui seul est nécessaire.
Tu sais quel est ce point, je l’ai trop répété :