Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/281

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et cette mort te laisse une amoureuse loi
d’en porter une égale, et mourir en la tienne.
Si tu meurs avec lui, tu vivras avec lui ;
la part que tu prendras à son mortel ennui,
tu l’auras aux grandeurs qui suivent sa victoire :
la mesure est pareille ; et c’est bien vainement
qu’on s’imagine au ciel avoir part à sa gloire,
quand on n’a point ici partagé son tourment.

Ainsi pour arriver à cette pleine joie,
tout consiste en la croix, et tout gît à mourir :
c’est par là que le ciel se laisse conquérir,
et Dieu pour te sauver n’a point fait d’autre voie.
La véritable vie et la solide paix,
le calme intérieur de nos plus doux souhaits,
le vrai repos enfin, c’est la croix qui le donne :
apprends donc sans relâche à te mortifier,
et sache que quiconque aspire à la couronne,
c’est à la seule croix qu’il se doit confier.

Revois de tous les temps l’image retracée,
marche de tous côtés, cherche de toutes parts,
jusqu’au plus haut des cieux élève tes regards,
jusqu’au fond de la terre abîme ta pensée ;
vois ce qu’a de plus haut la contemplation,
vois ce qu’a de plus sûr l’humiliation,