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Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/287

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s’augmente d’autant plus que sa souffrance est forte :
à peine porte-t-il cette croix sans regret,
que Dieu par un secours et solide et secret
tourne son amertume en douce confiance ;
et plus ce triste corps est sous elle abattu,
plus par la grâce unie à tant de patience
l’esprit fortifié s’élève en la vertu.

Comme l’expérience a toujours fait connoître
que le nœud de l’amour est la conformité,
il soupire à toute heure après l’adversité,
qui le fait d’autant mieux ressembler à son maître.
L’impatient desir de cet heureux rapport
dans un cœur tout de flamme est quelquefois si fort,
qu’il ne voudroit pas être un moment sans souffrance,
et croit avec raison que plus il peut souffrir,
plus il plaît à ce maître, et qu’enfin sa constance
est le plus digne encens qu’il lui sauroit offrir.

Mais ne présume pas que la vertu de l’homme
produise d’elle-même une telle ferveur :
c’est de ce maître aimé la céleste faveur
qui la fait naître en nous, l’y nourrit, l’y consomme ;