Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/305

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qui fait tourner le monde au gré de son caprice ?
" Rougis, rougis, Sidon, " dit autrefois la mer.
" Rougis, rougis toi-même, et te laisse enflammer,
te dirai-je à mon tour, d’une sévère honte ; "
et si tu veux savoir pour quel lâche souci
je veux que la rougeur au visage te monte,
écoute, le voici :

Pour un malheureux titre on s’épuise d’haleine,
on gravit sur les monts, on s’abandonne aux flots,
et pour gagner au ciel un éternel repos
on ne lève le pied qu’à regret, qu’avec peine.
Un peu de revenu fait tondre les cheveux,
chercher sur mes autels les intérêts des vœux,
prendre un habit dévot pour en toucher les gages ;
souvent pour peu de chose on plaide obstinément,
et souvent moins que rien jette les grands courages
dans cet abaissement.

On veut bien travailler et se mettre à tout faire,
joindre aux sueurs du jour les veilles de la nuit,
pour quelque espoir flatteur d’un faux honneur qui fuit,
ou pour quelque promesse incertaine et légère :
cependant pour un prix qu’on ne peut estimer,
pour un bien que le temps ne sauroit consumer,
pour une gloire enfin qui n’aura point de terme,