Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/308

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Oraison pour obtenir de Dieu la grâce de la dévotion.


Quelles grâces, Seigneur, ne te dois-je point rendre,
à toi, ma seule gloire et mon unique bien ?
Mais qui suis-je pour entreprendre
d’élever mon esprit jusqu’à ton entretien ?

Je suis un ver de terre, un chétif misérable,
sur qui jamais tes yeux ne devroient s’abaisser,
plus pauvre encor, plus méprisable
qu’il n’est en mon pouvoir de dire ou de penser.

Sans toi je ne suis rien, sans toi mon infortune
me fait de mille maux l’inutile rebut :
je ne puis sans toi chose aucune,
et je n’ai rien sans toi qui serve à mon salut.

C’est toi dont la bonté jusqu’à nous se ravale,
qui tout juste et tout saint peux tout et donnes tout,
et de qui la main libérale
remplit cet univers de l’un à l’autre bout.

Tu n’en exceptes rien que l’âme pécheresse,
que tu rends toute vide à sa fragilité,