Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/320

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la terre ne voit rien qui soit plus achevé ;
le ciel même n’a rien qui soit plus élevé :
en veux-tu la raison ? En Dieu seul est sa source ;
en Dieu seul est aussi le repos de sa course,
il en part, il y rentre, et ce feu tout divin
n’a point d’autre principe et n’a point d’autre fin.

Tu sauras encor plus : à la moindre parole,
au plus simple coup d’œil, l’amant va, court et vole,
et mêle tant de joie à son activité,
que rien n’en peut borner l’impétuosité.
Pour tous également son ardeur est extrême ;
il donne tout pour tous, et n’a rien à lui-même ;
mais quoiqu’il soit prodigue, il ne perd jamais rien,
puisqu’il retrouve tout dans le souverain bien,
dans ce bien souverain, à qui tous autres cèdent,
qui seul les comprend tous, et dont tous ils procèdent.
Il se repose entier sur cet unique appui,
et trouve tout en tous sans posséder que lui.

Dans les dons qu’il reçoit, tout ce qu’il se propose,
c’est d’en bénir l’auteur par-dessus toute chose :
il n’a point de mesure, et comme son ardeur
ne peut de son objet égaler la grandeur,
il la croit toujours foible, et souvent en murmure,