Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/347

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Qui monte jusque-là ne m’en trouve point chiche :
le petit et le grand, le pauvre avec le riche,
y peuvent sans relâche également puiser.
Mon amour libéral l’ouvre à tous sans réserve :
j’aime à donner mes biens, j’aime à favoriser ;
mais je veux à mon tour qu’on m’aime et qu’on me serve ;
je hais le cœur ingrat, le froid, l’indifférent,
et ma grâce est le prix des grâces qu’on me rend.

Quiconque s’ose enfler de propre suffisance,
jusqu’à prendre en soi-même ou gloire, ou complaisance,
ou chercher hors de moi de quoi se réjouir,
sa joie est inquiète, et si mal établie,
que son cœur pleinement ne peut s’épanouir :
d’angoisse sur angoisse il la sent affoiblie,
il voit trouble sur trouble, et naître à tout moment
mille vrais déplaisirs d’un faux contentement.

Ne t’impute donc rien de bon, de salutaire,
et quoi qu’un autre même à tes yeux puisse faire,
à sa propre vertu n’attribue aucun bien ;
dans celui que tu fais ne perds point la mémoire