Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il peut faire en autrui naître une résistance
que tu n’auras daigné prévoir,
et de qui la surprise ébranlant ta constance
la troublera jusqu’à ta faire choir.

Un peu de violence est souvent nécessaire
contre les appétits des sens,
même quand leur effet te paroît salutaire,
quand leurs desirs te semblent innocents.

Ne demande jamais à ta chair infidèle
ce qu’elle veut ou ne veut pas ;
range-la sous l’esprit, et fais qu’en dépit d’elle
son esclavage ait pour toi des appas.

Qu’en maître, qu’en tyran cet esprit la châtie,
qu’il l’enchaîne de rudes nœuds,
jusqu’à ce que domptée et bien assujettie,
elle soit prête à tout ce que tu veux ;

Jusqu’à ce que de peu satisfaite et contente,
elle aime la simplicité,
et que chaque revers qui trompe son attente
sans murmurer en puisse être accepté.