Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais une âme à l’aimer lâchement adonnée,
par d’infâmes plaisirs en triomphe menée,
ne considère point ce qui le fait haïr :
ce fourbe à ses regards déguise toutes choses,
lui peint les nuits en jours, les épines en roses,
et ses yeux subornés aident à la trahir.

Aussi n’a-t-elle rien qui l’en puisse défendre :
les douceurs que d’en haut Dieu se plaît à répandre
sont des biens que jamais sa langueur n’a goûtés ;
elle n’a jamais vu quel charme a ce grand maître,
ni combien la vertu, qui craint de trop paroître,
verse en l’intérieur de saintes voluptés.

Le vrai, le plein mépris des vanités mondaines
qu’embrassent en tous lieux ces âmes vraiment saines
qui sous la discipline ont Dieu pour leur objet,
c’est ce qui leur départ cette douceur exquise ;
et de sa propre voix Dieu même l’a promise
à qui peut s’affermir dans ce noble projet.

Par là notre ferveur, enfin mieux éclairée,
promène sur le monde une vue assurée,
que son flatteur éclat ne sauroit éblouir :