Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/426

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Je suis cette terre sans fruit,
dont la stérilité sous une épaisse nuit
n’enfante que chardons, que ronces et qu’épines :
vois, Seigneur, où je suis réduit
jusqu’à ce que tu m’illumines.

Verse tes grâces dans mon cœur ;
fais-en pleuvoir du ciel l’adorable liqueur ;
à mon aridité prête leurs eaux fécondes ;
prête à ma traînante langueur
la vivacité de leurs ondes.

Qu’ainsi par un prompt changement
ce désert arrosé se trouve en un moment
un champ délicieux où règne l’affluence,
et paré de tout l’ornement
que des bons fruits a l’abondance.

Mais ce n’est pas encore assez :
élève à toi mes sens sous le vice oppressés,
et romps si bien pour eux des chaînes si funestes,
que mes desirs débarrassés
n’aspirent qu’aux plaisirs célestes.