Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/449

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

me rende salutaire un si cuisant ennui.

Je le sens qui m’accable : ah ! Seigneur, que j’endure !
Que d’agitations me déchirent le cœur !
Qu’il se trouve au milieu d’une étrange torture !
Et qu’il y soutient mal sa mourante vigueur !

Père doux et bénin, qui connois ma foiblesse,
que faut-il que je die en cet accablement ?
Tu vois de toutes parts quelle rigueur me presse :
sauve-moi, mon Sauveur, d’un si cruel moment.

Mais il n’est arrivé, ce moment qui me tue,
qu’à dessein que ta gloire en prenne plus d’éclat,
lorsqu’après avoir vu ma constance abattue,
on la verra par toi braver ce qui l’abat.

Étends donc cette main puissante et débonnaire
qui par notre triomphe achève nos combats ;
car chétif que je suis, sans toi que puis-je faire ?
De quel côté sans toi puis-je tourner mes pas ?

Encor pour cette fois donne-moi patience :
aide-moi par ta grâce à ne point murmurer ;