Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/460

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’âme que ton amour embrase
ne peut en liberté goûter tes entretiens :
peu savent en effet contempler tes mystères,
mais peu forment aussi ces mépris salutaires
de toutes sortes de faux biens.

Ainsi l’homme a besoin que ta bonté suprême,
l’élevant par-dessus lui-même,
prodigue en sa faveur son trésor infini ;
qu’un excès de ta grâce en esprit le ravisse,
et de tout autre objet tellement l’affranchisse,
qu’à toi seul il demeure uni.

À moins que jusque-là l’enlève ainsi ton aide,
quoi qu’il sache, quoi qu’il possède,
tout n’est pas de grand poids, tout ne lui sert de rien :
il rampe et rampera toujours foible et débile,
s’il peut s’imaginer rien de grand ou d’utile
que l’immense et souverain bien.

Tout ce qui n’est point Dieu n’est point digne d’estime,
et son prix le plus légitime,
comme enfin ce n’est rien, c’est d’être à rien compté :
vous le savez, dévots que la grâce illumine ;