Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/479

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c’est par cette fâcheuse et rude expérience
qu’il trouve un diadème au sortir du combat.
Ainsi d’une peine légère
la longue récompense est un repos divin,
et pour quelques moments de honte passagère
je rends une gloire sans fin.

Cependant tu te plains sitôt que sans tendresse
je laisse un peu durer les tribulations ;
comme si ma bonté, soumise à ta foiblesse,
devoit à point nommé ses consolations !
Tous mes saints ne les ont pas eues,
alors que sur la terre ils vivoient exilés,
et dans leurs plus grands maux mes faveurs suspendues
souvent les laissoient désolés.

Mais dans ces mêmes maux qui sembloient sans limites,
armés de patience, ils souffroient jusqu’au bout,
et s’assuroient bien moins en leurs propres mérites
qu’en la bonté d’un Dieu dont ils espéroient tout :
ils savoient bien, ces vrais fidèles,
de quel immense prix étoit l’éternité,
et que pour l’obtenir les gênes temporelles
n’avoient point de condignité.