Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/487

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quitte, résigne-toi, déprends-toi de toi-même,
et tu posséderas ce précieux trésor,
ce calme intérieur, qui fuit tout ce qui s’aime.
Donne-moi tout pour tout, ne forme aucun desir,
ne redemande rien, n’envoie aucun soupir
vers ce tout que pour moi tu quittes :
tiens enfin ton cœur tout en moi ;
et moi, qui paye enfin par delà les mérites,
je me donnerai tout à toi.

" Ainsi tu seras libre, et l’ange ténébreux
ne te pourra jamais réduire en servitude ;
mais n’épargne ni soins, ni prières, ni vœux,
pour ce digne avant-goût de la béatitude.
Ce plein dépouillement des soucis superflus,
te laissant nu dans l’âme, ainsi que je le fus,
te rendra digne de me suivre ;
et par un bienheureux transport
tu sauras en moi-même éternellement vivre,
sitôt qu’en toi tu seras mort.

" Alors disparoîtront tous ces fantômes vains
qui t’obsèdent partout de leurs folles images,
cet inutile amas d’empressements mondains,
ces troubles qui chez toi font de si grands ravages.
La crainte immodérée, et l’amour déréglé,
ces infâmes tyrans de ton cœur aveuglé,
verront leur force dissipée ;