Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/486

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si tu veux obliger ma libéralité
à t’en payer avec usure :
elle aime à prodiguer mes biens,
mais l’effort qu’elle y fait souvent prend sa mesure
sur la plénitude des tiens.

" J’en vois se résigner avec retranchement,
de la moitié du cœur se remettre en ma garde,
et ne s’assurer pas en moi si fortement
qu’ils ne veuillent pourvoir à ce qui les regarde.
Quelques autres d’abord m’offrent bien tous leurs vœux,
mais la tentation marche à peine vers eux
qu’ils font retraite vers eux-mêmes ;
et leur courage rabattu,
cherchant d’autres appuis que mes bontés suprêmes,
n’avance point en la vertu.

" Ni ceux-ci ni ceux-là n’arriveront jamais
à la liberté vraie, inébranlable, entière,
à cette pure joie, à cette ferme paix
qu’entretient dans les cœurs ma grâce familière.
C’est peu que d’élever jusque-là son desir,
à moins que de soumettre à tout mon bon plaisir
son âme pleinement captive ;
et sans s’immoler chaque jour,
on ne conserve point l’union fruitive
que donne le parfait amour.

" Je te l’ai déjà dit, je te le dis encor,