Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/498

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le plus solide éclat dont on soit revêtu,
louer en tous ses dons l’auteur de la nature,
et ne voir que lui seul en toute créature.

Je le veux, ô mon Dieu, si je fais quelque bien,
pour en louer ton nom qu’on supprime le mien,
que l’univers entier par de communs suffrages
sur le mépris des miens élève tes ouvrages,
que même en celui-ci mon nom soit ignoré
afin que le tien seul en soit mieux adoré,
que ton Saint-Esprit seul en ait toute la gloire,
sans que louange aucune honore ma mémoire,
et que puisse à mes yeux s’emparer qui voudra
de la plus douce odeur que mon vers répandra.

En toi seul est ma gloire, en toi seul est ma joie,
et quoi que l’avenir en ma faveur déploie,
je les veux prendre en toi, sans faire vanité
que du sincère aveu de mon infirmité.

C’est aux juifs, c’est aux cœurs que ta grâce abandonne,
à chercher cet honneur qu’ici l’on s’entre-donne :
ils peuvent y courir avec empressement,
sans que je porte envie à leur aveuglement.
La gloire que je cherche, et l’honneur où j’aspire,
c’est celle, c’est celui que fait ton saint empire,
qu’à tes vrais serviteurs départ ta seule main,
et qui ne peut souffrir aucun mélange humain.