Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/497

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le néant que je suis, et le rien d’où je sors,
et que fonder sa gloire ainsi sur le rien même,
c’est une vanité qui va jusqu’à l’extrême.

Ô vent pernicieux ! ô poison des esprits !
Que le monde sait peu ton véritable prix !
Ô fausse et vaine gloire ! ô dangereuse peste,
qui n’es rien qu’un néant, mais un néant funeste !
Tes décevants attraits retirent tous nos pas
du chemin où la vraie étale ses appas,
et l’âme, de ton souffle indignement souillée,
des grâces de son maître est par toi dépouillée.
Oui, notre âme, Seigneur, tout ton portrait qu’elle est,
commence à te déplaire alors qu’elle se plaît,
et son avidité pour de vaines louanges
la prive des vertus qui l’égaloient aux anges.

On peut se réjouir et se glorifier,
mais ce n’est qu’en toi seul qu’il faut tout appuyer ;
en toi seul, non en soi, qu’il faut prendre sans cesse
la véritable gloire et la sainte allégresse,
rapporter à toi seul, et non à sa vertu,