Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/501

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Mes plaintes auroient donc une insolence extrême,
si j’osois t’accuser de trop de dureté,
et qu’ainsi j’imputasse à la justice même
une injuste sévérité.

Mon crime a dû forcer toutes les créatures
à me persécuter, à s’armer contre moi,
et quiconque m’accable ou d’opprobre ou d’injures,
n’en fait qu’un légitime emploi.

À moi la honte est due, à moi l’ignominie ;
leur plus durable excès ne peut trop me punir :
à toi seul la louange et la gloire infinie
dans tous les siècles à venir.

Prépare-toi, mon âme, à souffrir sans tristesse
les mépris des méchants et ceux des gens de bien,
à me voir ravalé jusqu’à cette bassesse,
que même on ne me compte à rien.

Enfin de ton orgueil éteins les moindres restes,
ou n’espère autrement de paix en aucun lieu,
ni de stabilité, ni de clartés célestes,
ni d’union avec ton Dieu.