Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/505

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si tu savois, mon fils, pratiquer ce grand art,
tu verrois bientôt de ma part
s’épandre au fond du tien l’abondance des grâces,
et tes actions les plus basses
sauroient jusqu’à mon trône élever ton regard.

Une affection mal conçue
dérobe tout l’aspect des cieux ;
et quand la créature a détourné tes yeux,
tu perds tout aussitôt le créateur de vue.
Sache te vaincre en tout, et partout te dompter,
sache pour lui tout surmonter,
bannis tout autre amour, coupes-en les racines,
et les connoissances divines
à leurs plus hauts degrés te laisseront monter.

Ne dis point que c’est peu de chose,
ne dis point que c’est moins que rien,
à qui ton âme prête un moment d’entretien,
sur qui par échappée un coup d’œil se repose :
ce peu, ce moins que rien, quand son amusement
attire trop d’empressement,
quand trop de complaisance à ce coup d’œil s’attache,
imprime aux vertus une tache,
et retarde l’esprit du haut avancement.