Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/510

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ainsi je montre, ainsi j’enseigne
comme il faut que l’homme dédaigne
toutes les douceurs d’ici-bas,
qu’il néglige les temporelles,
qu’il n’aspire qu’aux éternelles,
qu’il ne goûte que leurs appas :
j’enseigne à fuir l’honneur, à souffrir le scandale ;
pour but, pour seul espoir j’enseigne à me choisir ;
j’enseigne à me chérir d’une ardeur sans égale,
j’enseigne à ramasser en moi tout son desir.

Un grand dévot m’a su connoître,
sans en consulter d’autre maître
que le feu qui sut l’enflammer :
il dit des choses admirables
de mes attributs ineffables,
et n’avoit appris qu’à m’aimer.
Il dégagea son cœur de toute la nature,
et se fit bien plus docte en quittant tout ainsi,
que s’il eût attaché jusqu’à la sépulture
sur des subtilités un long et vain souci.

Ma façon d’instruire est diverse :
je parle aux uns et les exerce
sur des préceptes généraux ;
je parle à d’autres à l’oreille
du secret de quelque merveille,